La crise de gouvernance qui secoue la FIA depuis plusieurs mois vient de connaître un nouvel épisode marquant : Robert Reid, vice-président pour le sport de la fédération, a annoncé sa démission dans un communiqué personnel publié jeudi 10 avril 2025 sur X. Ce départ intervient dans un contexte de défiance croissante envers le président Mohammed Ben Sulayem, critiqué pour sa gestion centralisée et opaque de l'institution.
Reid, ancien copilote champion du monde des rallyes aux côtés de Richard Burns, occupait ce poste stratégique depuis décembre 2021. Il y était censé incarner une nouvelle ère de transparence et de rigueur réglementaire. Or, c'est précisément au nom de ces valeurs qu'il a choisi de se retirer. "Après une réflexion approfondie, j'ai pris la décision difficile de démissionner de mon poste de vice-président de la FIA pour le sport", écrit-il, expliquant qu'il ne se reconnaît plus dans le fonctionnement actuel de l'organisation.
Il rappelle les objectifs qui avaient motivé son engagement : J'ai accepté ce rôle pour contribuer à instaurer plus de transparence, une gouvernance plus solide et un leadership plus collaboratif." Mais ces ambitions ont, selon lui, été progressivement écartées : "Au fil du temps, ces principes ont été de plus en plus mis de côté, et je ne peux plus, en toute conscience, rester membre d'un système qui ne les reflète plus."
Son départ survient au lendemain d'une lettre ouverte de David Richards, président de Motorsport UK, dénonçant une dérive autoritaire de la présidence de Ben Sulayem et une concentration excessive des pouvoirs. Le point commun entre ces prises de parole : l'exigence de principes, non de politiques partisanes. "Partir n'a pas été une décision facile, mais rester aurait signifié faire des compromis sur ce en quoi je crois. Il s'agit de principes, pas de politique."
Natalie Robyn, ex-directrice générale de la FIA, elle-même poussée vers la sortie en 2024 après des tensions avec Ben Sulayem, a salué la prise de position de Reid en évoquant de "graves défis structurels persistants". Elle déplore que les processus professionnels ne soient plus respectés et que des décisions soient prises sans concertation, ce qui mine selon elle la crédibilité de l'organisation.
Dans son message, Robert Reid conclut sur une exigence de fond : "Le sport automobile mérite un leadership fondé sur l'intégrité, la responsabilité et le respect des procédures. C'est le standard minimum que nous devrions tous attendre — et exiger."
La FIA, de son côté, a remercié Reid pour sa contribution "au sport et à la fédération", affirmant disposer de "politiques de gouvernance d'entreprise exceptionnellement solides". Une réponse qui contraste avec les critiques de plus en plus nombreuses et frontales. Le mandat de Mohammed Ben Sulayem arrive à échéance en décembre prochain. Pour l'heure, aucun candidat ne s'est encore déclaré face à lui.