Trois mois après l'entrée en vigueur de la nouvelle version de l'annexe B du Code Sportif International, la FIA a officialisé un assouplissement de ses règles disciplinaires. Présentées comme une "amélioration" par le président Mohammed Ben Sulayem, ces modifications répondent à une levée de boucliers portée à la fois par les pilotes de F1, les représentants du WRC et le comité des pilotes FIA.
Lors de la conférence de presse du jeudi à Imola, Oscar Piastri s'est exprimé au nom des pilotes F1 : "Je pense que le fait qu'il y ait eu des changements est une bonne chose. Et dans les détails, les commissaires ont maintenant beaucoup plus de latitude, ce qui me semble positif car les circonstances doivent clairement être prises en compte."
Piastri note aussi que certains éléments du précédent texte semblaient exagérément influencés par le cas très spécifique des insultes envers des officiels : "L'un des gros enjeux pour la FIA, c'était de traiter les insultes envers les officiels, et je pense que c'est juste et raisonnable. Mais certaines autres dispositions ont probablement été entraînées dans cet élan et ont semblé un peu dures."
Il conclut en saluant l'écoute des instances : "Je pense qu'ils ont écouté une partie de nos retours, et que les changements vont dans le bon sens."
Lance Stroll, interrogé juste après, valide sans réserve : "Oui, je suis d'accord avec tout ce qu'Oscar a dit. Il a très bien résumé."
Franco Colapinto, qui s'exprimait pour la première fois sur le sujet en tant que pilote titulaire, se montre lui aussi rassuré : "Je suis d'accord aussi. Je suppose que c'est bien qu'ils écoutent les pilotes, parce que ces règles étaient en place depuis un moment déjà."
Entré en vigueur en janvier 2025, le nouveau texte avait provoqué une tension croissante avec les pilotes, en F1 comme en WRC. L'affaire du facétieux Adrien Fourmaux, sanctionné de 30000 dollars pour un simple juron en fin de spéciale, avait cristallisé la contestation. Une réunion d'urgence avec Garry Connelly, président des commissaires F1, avait ensuite été organisée à Melbourne, et avait abouti à une promesse de révision.
Le texte amendé publié le 14 mai confirme un tournant. Désormais, les amendes pour langage inapproprié seront plafonnées à 5000 € au lieu de 10000 €, et les barèmes spécifiques aux championnats du monde sont assouplis. Surtout, une distinction est introduite entre les "environnements contrôlés" (conférences de presse, paddock) et les "non contrôlés" (radio, fin de spéciale rallye, mix zone), offrant aux commissaires la possibilité de suspendre entièrement une sanction, notamment en cas de première infraction.
À l'inverse, l'abus envers un officiel — qui était jusqu'ici passible d'une simple amende — pourra désormais entraîner une pénalité sportive. En F1, cela prendra la forme d'un recul de trois places sur la grille (en cas d'incident pendant une séance Grand Prix) ou de cinq secondes de pénalité (en Sprint).
Le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, a insisté sur l'équilibre trouvé : "Les améliorations annoncées aujourd'hui à l'annexe B vont permettre de continuer à promouvoir l'esprit sportif tout en donnant aux commissaires des lignes directrices efficaces."
Le président du Comité des pilotes, Ronan Morgan, abonde : "Il est important de reconnaître qu'il y a une différence entre ce qui est dit en pleine course et ce qui est dit en conférence de presse."
Les pilotes, en tout cas, semblent avoir été entendus. Et à en croire les propos d'Imola, l'apaisement est réel.
Émilie-Romagne 2025