F1 : La FIA publie ses grilles internes d’interprétation des incidents

Dans une volonté affichée de transparence, la FIA a publié hier, 25 juin 2025, deux documents qui, jusqu'ici, étaient strictement réservés aux commissaires et aux équipes de course. Il s'agit des "Driving Standards Guidelines" et des…
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Il y a 3 h

F1 : La FIA publie ses grilles internes d’interprétation des incidents

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Dans une volonté affichée de transparence, la FIA a publié hier, 25 juin 2025, deux documents qui, jusqu'ici, étaient strictement réservés aux commissaires et aux équipes de course. Il s'agit des "Driving Standards Guidelines" et des "Penalty Guidelines", soit les référentiels pratiques utilisés depuis des années pour juger les incidents en Formule 1. Leur publication est inédite, bien que leur existence soit ancienne dans les coulisses du sport.

Les Penalty Guidelines existent depuis près de dix ans, mais n'avaient jamais été rendues publiques. Ce document constitue une base d'environ 100 infractions courantes, avec pour chacune une suggestion de sanction (pénalité en temps, drive-through, disqualification…) et un barème indicatif de points à retrancher sur la super licence. Il sert depuis longtemps de matrice aux décisions des commissaires, sans toutefois leur imposer un cadre rigide : les peines ne sont pas obligatoires et restent modulables en fonction des circonstances.

Quant aux Driving Standards Guidelines, elles ont été mises en place en 2022 à la demande des pilotes. Le but : clarifier ce qui est considéré comme un dépassement acceptable, une défense de position licite ou un comportement interdit, à l'intérieur comme à l'extérieur des virages, dans les chicanes, lors de freinages, de réaccélérations, ou derrière la voiture de sécurité. Le texte actuel, daté du 20 février 2025 (version 4.1), est issu d'une importante mise à jour négociée avec les pilotes lors du Grand Prix du Qatar 2024. La FIA y expose les critères utilisés pour juger un dépassement (position relative à l'entrée et à la corde, trajectoire, comportement au freinage…), mais aussi le traitement des limites de piste ou les règles de retour en piste après une erreur.

Ces lignes directrices n'ont aucune valeur réglementaire — elles sont là pour guider l'interprétation et favoriser une cohérence entre les commissaires, sans pour autant contraindre leur jugement. Elles viennent en appui du Code Sportif International, des règlements F1 et de l'Annexe L, mais ne peuvent être invoquées comme fondement d'un appel ou d'un droit opposable par une équipe ou un pilote. Et c'est là que réside toute l'ambiguïté de la démarche : la FIA met en vitrine des outils qui servent en interne, mais sans garantir qu'ils seront appliqués de manière systématique ni uniforme.

Pour Mohammed Ben Sulayem, cette publication doit "donner aux fans et aux médias un aperçu plus précis de la manière dont les décisions sont prises en F1". Le président de la FIA salue aussi l'implication des pilotes dans l'élaboration des standards, ainsi que l'importance de transposer ces lignes directrices aux autres championnats régis par la FIA. D'ailleurs, des versions spécifiques devraient être publiées prochainement pour la F2, la F3, le WEC, la Formula E, le WRC et le WRX.

Côté pilotes, George Russell salue cette ouverture : "Plus de transparence dans la gouvernance du sport est une bonne chose. Cela aidera les fans et les médias à mieux comprendre les règles de course et les décisions des commissaires."

Mais si la publication de ces documents lève un coin du voile sur des critères jusqu'ici opaques, elle ne règle pas les problèmes fondamentaux pointés depuis des années : disparités de traitement, manque de prévisibilité, et parfois impression d'arbitraire dans certaines décisions clés. Car une grille, aussi bien présentée soit-elle, ne vaut que si elle est réellement suivie et assumée dans le processus de décision. Et à ce jour, rien n'oblige les commissaires à s'y conformer.

Un pas en avant, donc, ou un simple coup de vernis sur une mécanique toujours sujette à critique — entre jurisprudence fluctuante, interprétations variables et sanctions incohérentes ? À chacun d'en juger.