La publication par la FIA de ses lignes directrices sur les comportements en piste a relancé un vieux débat du paddock : celui d'un sport devenu trop codifié, où le pilotage se ferait davantage avec la tête qu'avec l'instinct. Pour les pilotes présents en conférence de presse jeudi, le constat est nuancé, entre appréciation de la clarté apportée… et lassitude face à des règles toujours sujettes à interprétation.
Pierre Gasly estime que la direction prise est la bonne : "Pour moi, c'est clair jusqu'où on peut aller dans l'intensité d'un duel. Évidemment, on pousse toujours à la limite, en jouant sur les zones grises quand il y en a. Mais je pense qu'on les réduit peu à peu, et pour moi c'est très clair désormais : on sait ce qui est permis et ce qui ne l'est pas."
Isack Hadjar, plus laconique, a simplement approuvé.
Oscar Piastri, lui, apporte un regard plus technique sur ces lignes directrices, rappelant qu'il s'agit avant tout de recommandations, et non de lois gravées dans le marbre : "Je pense qu'il faut commencer par rappeler qu'il s'agit de lignes directrices, pas de règles absolues. Décrire par écrit tous les scénarios de course est impossible, donc c'est un exercice très compliqué. Ces lignes donnent un cadre aux commissaires pour juger ce qui est acceptable ou non. Il reste forcément des éléments contextuels impossibles à anticiper. Chaque situation est différente, mais ces lignes nous donnent au moins un peu de clarté sur ce qui est permis ou non. Il y a probablement eu quelques ajustements depuis leur première version — je ne sais plus exactement quand elles ont été introduites, peut-être il y a 18 mois. Il est important de ne pas les lire de façon rigide : "il est écrit ça, donc il faut faire ça". Même sur dix pages, un pilote trouvera une zone grise selon la situation. Il faut garder à l'esprit que cela reste à l'appréciation des commissaires."
Esteban Ocon, quant à lui, évoque une autre forme de complexité : celle liée aux micro-règlements, souvent plus problématiques que les règles de course à proprement parler. Il prend pour exemple l'incident survenu à Montréal entre lui et Carlos Sainz dans la voie des stands : "Oui, il y a beaucoup de règles, c'est sûr. Sur le pilotage pur, c'est assez clair. Mais ce sont tous les à-côtés — comme ce qui s'est passé à la sortie des stands avec Carlos et les doubles drapeaux jaunes — qui posent souci. Ce n'était pas évident pour nous, et Carlos a été surpris aussi. Tous ces petits éléments ajoutés à une situation déjà complexe peuvent mener à des décisions longues à trancher. Au final, je pense que la FIA a pris les bonnes décisions. Ils ont compris qu'il s'agissait de détails sans conséquence. Mais quand tu joues un résultat important, passer trois heures à attendre en salle des commissaires, c'est toujours stressant."
Quant à Max Verstappen, il a préféré s'abstenir de commenter, dans un style qui lui est devenu familier depuis le début de la saison : "Ça a changé ? J'ai rien vu, j'étais occupé". Puis a complété : "Bon, alors c'est pareil. On le savait déjà."
Enfin, Gabriel Bortoleto, discret, a simplement indiqué qu'il partageait les avis exprimés par ses pairs : "Je pense qu'ils ont tout dit. Je partage leur avis, donc je m'y associe."