La séance de qualifications du Grand Prix d'Azerbaïdjan 2025 a une nouvelle fois confirmé la réputation du tracé urbain de Bakou, avec une succession d'incidents, de drapeaux rouges et même une légère pluie. Au milieu du chaos, Max Verstappen a tiré son épingle du jeu pour signer sa 46e pole position en carrière, la sixième de la saison. Derrière lui, la hiérarchie a été bouleversée : les deux McLaren ont terminé dans le mur, tout comme Charles Leclerc, tandis que Carlos Sainz s'élancera pour la première fois de la première ligne au volant de la Williams. Liam Lawson occupera la troisième place sur la grille, alors que Lando Norris, Oscar Piastri et Leclerc devront composer avec un départ plus en retrait, ouvrant la voie à des options stratégiques variées.
L'an passé, la course avait été limpide sur le plan tactique. La dégradation des pneus étant faible, l'ensemble du plateau avait misé sur une stratégie à un seul arrêt, alternant entre medium (C4) et dur (C3). La majorité des pilotes avaient choisi medium>dur, avec une fenêtre d'arrêt entre les 10e et 17e tours. Oscar Piastri, vainqueur, avait ravitaillé au 15e tour, immédiatement suivi par Leclerc. Norris avait illustré l'autre scénario, dur>medium, en prolongeant son relais initial jusqu'au 37e tour pour remonter dans le classement grâce à un delta de performance favorable en fin de course. Plus loin dans le peloton, certains comme Gasly, Ricciardo et Ocon avaient retardé leur arrêt pour espérer profiter d'une neutralisation, avant de chausser les tendres à la toute fin.
Pour 2025, Pirelli a opté pour un cran plus tendre dans la gamme, avec les C4, C5 et C6. Malgré ce choix, les simulations confirment que la stratégie la plus rapide reste le schéma classique medium>dur à un arrêt, avec une fenêtre idéale entre les 16e et 22e tours. Les températures plus fraîches attendues et l'évolution de la construction des pneus cette saison, moins sujette au graining, renforcent cette option.
Une alternative reste envisageable : le dur>medium, également à un arrêt, avec une fenêtre optimale entre les 29e et 35e tours. Cet enchaînement pourrait séduire les équipes du top 10, mais seul McLaren dispose d'un train de mediums neufs. Un atout limité, mais qui peut peser compte tenu du nombre de tours accumulés par les autres équipes sur leurs jeux de mediums en qualifications perturbées par de multiples interruptions.
La question de l'utilisation du tendre C6, en théorie peu réaliste sur un tracé exigeant comme Bakou, n'est pas totalement exclue. Les longs relais observés en essais libres ont montré un comportement relativement stable. Un pari tendre>dur nécessiterait d'étirer le relais initial jusqu'au 10e tour minimum, avant de chausser le C4 pour un très long relais jusqu'à l'arrivée. Comme le souligne Mario Isola, directeur de Pirelli Motorsport : "Peut-être que certains tenteront d'utiliser les tendres, car ils se sont montrés performants dans des conditions froides lors des essais. Je m'attends à une forte évolution de la piste, donc c'est une possibilité."
Si la course devait se dérouler sans incident, la configuration à un arrêt devrait s'imposer. Toutefois, la nature même de Bakou incite à la prudence. Les neutralisations sont fréquentes et peuvent rebattre les cartes. Dans ce contexte, une stratégie à deux arrêts peut devenir attractive, en particulier pour un pilote bloqué dans le trafic. Le scénario le plus cohérent dans ce cas reste medium>dur>dur, avec des fenêtres situées entre les 10e et 16e tours puis entre les 28e et 34e tours. Mais le spectre des drapeaux rouges, des Safety Cars ou des Virtual Safety Cars multiplie les variantes possibles et impose une adaptabilité constante.
Enfin, la météo pourrait peser sur le déroulement de l'épreuve. La pluie observée samedi a remis la piste à zéro, avec peu de gommes déposées en raison d'un programme de soutien limité à la Formule 2. Le départ devrait donc se faire sur une piste "verte" à l'adhérence réduite. Le vent jouera également un rôle : des rafales pouvant atteindre 35 km/h sont attendues, soulevant débris et feuilles en piste, et rendant le premier secteur délicat à négocier avec un vent arrière perturbateur.
Ainsi, si les bases stratégiques semblent claires – une course à un arrêt privilégiant l'enchaînement medium>dur –, les spécificités de Bakou, entre risques de neutralisation, météo instable et forte évolution de piste, laissent entrevoir une multitude de scénarios. Les pilotes partis en retrait, comme Norris, Piastri ou Leclerc, auront tout intérêt à miser sur ces variables pour inverser la hiérarchie.
Azerbaïdjan 2025