Pirelli revient à une sélection plus dure pour le Grand Prix de São Paulo 2025, dernière manche américaine de la saison et avant-dernier week-end Sprint avant le Qatar. Sur le tracé d'Interlagos, l'équipementier italien proposera les composés C2, C3 et C4, soit un cran plus durs que ceux utilisés en 2024, renouant ainsi avec la configuration adoptée en 2023. Ce choix s'explique par les observations faites lors de la précédente édition, où les gommes slicks avaient montré un fort niveau d'usure et de grainage (graining dans la langue de Shakespeare), notamment sur l'essieu arrière, en raison d'une surface fraîchement resurfacée et peu abrasive, mais demeurant bosselée sur plusieurs zones du circuit.
L'objectif de cette sélection plus conservatrice est de prolonger la durée de vie des pneus, déjà renforcés par rapport à la gamme 2024, et de permettre au composé tendre (rouge) d'être plus compétitif en course, alors qu'il n'avait été utilisé l'an dernier qu'en Qualification Sprint. Si la météo reste clémente, ce scénario pourrait offrir davantage de flexibilité stratégique, les simulations internes de Pirelli tablant sur une course à deux arrêts dans des conditions sèches, avec une dégradation plus linéaire.
En 2024, la pluie avait monopolisé tout le week-end : qualifications avancées à 7h30 et départ du Grand Prix à 12h30 pour anticiper les intempéries, aucun pilote n'avait chaussé les slicks. Tous avaient pris le départ en intermédiaires avant une interruption sous drapeau rouge à mi-course, l'intensité de la pluie imposant la neutralisation. Après la relance, l'ensemble du peloton terminait la course sur des pneus verts, seuls cinq pilotes ayant brièvement opté pour les pneus pluie complète.
Le circuit José Carlos Pace, long de 4,309 km, reste l'un des tracés les plus techniques du calendrier. Son profil anti-horaire et ses 15 virages alternent longues lignes droites et enchaînements sinueux, avec un équilibre relativement homogène des charges latérales et longitudinales. L'usure des pneus y est généralement régulière, sans contrainte excessive sur un essieu en particulier. En revanche, la configuration du circuit — combinant DRS, dénivelé marqué et bosses naturelles dues au terrain instable — favorise les dépassements mais augmente aussi le risque d'incidents et de neutralisations.
À cette période de l'année, la météo brésilienne reste un facteur décisif : averses soudaines, fortes variations thermiques et humidité élevée rendent la gestion des températures de gomme particulièrement complexe. Les pneus pluie et intermédiaires devraient donc, une fois encore, occuper une place importante dans la stratégie des équipes.
Enfin, Pirelli rappelle dans son dossier technique un clin d'œil historique au Brésil, berceau de sa célèbre identification colorée des gommes. C'est à Rio de Janeiro, lors du Grand Prix 1986 disputé sur le circuit de Jacarepaguá, que Benetton avait étrenné les flancs de pneus entièrement colorés Pirelli sur ses B186, une première dans l'histoire de la F1. Depuis le retour de la marque en 2011, les codes couleurs (blanc pour dur, jaune pour medium, rouge pour tendre) sont devenus l'un des symboles visuels de la discipline — un héritage directement lié à la culture vive et colorée du carnaval brésilien.
Brésil 2025