Bentley ressuscite le nom Supersports pour une interprétation totalement inédite de la Continental GT. Un siècle après la première "Super Sports" de 1925, cette nouvelle mouture rompt avec l'ADN habituel de la firme : propulsion intégrale remplacée par une stricte propulsion, configuration deux places, poids inférieur à deux tonnes et mise en avant du pilotage plutôt que du grand tourisme traditionnel.
Le V8 4,0 litres biturbo, issu de la même architecture que celui des Audi RS6/RS7 ou des Lamborghini Urus Performante et Urus S — tous deux non hybridés et déjà proposés à 666 ch — atteint lui aussi 666 ch et 800 Nm, mais dans une exécution singulière propre à Bentley : dépourvu de toute hybridation, même légère. À la différence des versions microhybridées 48 V présentes chez Audi, et bien sûr de l'Urus SE hybride plafonnant à 800 ch, la Supersports adopte une mécanique entièrement thermique, plus légère, plus directe et pensée pour amplifier le ressenti mécanique.
Associé à la boîte double embrayage ZF à huit rapports, renforcée pour l'occasion, il entraîne uniquement les roues arrière via un différentiel piloté (eLSD), avec une calibration pensée pour offrir une précision de conduite rarement associée à un modèle Bentley. Les passages de rapports gagnent en netteté et en réactivité, et la stratégie de rétrogradage a été recalibrée pour maximiser la stabilité au freinage et la confiance en appui.
Le travail sur les masses atteint un niveau jamais vu chez le constructeur depuis près de 85 ans. Allègement du groupe motopropulseur grâce à l'abandon de l'hybridation, toit en fibre de carbone, suppression de la banquette arrière au profit d'une coque carbone gainée de cuir, isolation réduite, équipements simplifiés : la Supersports descend sous 2000 kg, une prouesse sur base Continental GT. Cette cure minceur, associée à un train arrière élargi de 16 mm, à des réglages de suspension totalement revus et à un système d'amortisseurs bi-chambre pilotés, vise une agilité nettement accrue. Le conducteur peut choisir un ESC totalement désactivable, ouvrant la voie à un comportement plus vivant, jusqu'à l'oversteer contrôlé.
Trois configurations spécifiques affinent le caractère : un mode Touring, qui reprend la philosophie dynamique du mode Sport d'une GT Speed mais avec une garde au sol plus élevée et une sonorité plus discrète ; un mode Bentley, plus affûté et débloquant le launch control ; et un mode Sport, conçu pour pousser l'engagement pilote au maximum.
L'aérodynamique suit une logique de fonction avant tout. Nouveau bouclier avec le plus grand splitter jamais installé sur une Bentley routière, dive planes superposés, jupes redessinées, fender blades inspirés du B ailé, diffuseur arrière massif, aileron fixe : l'ensemble génère plus de 300 kg d'appui supplémentaire par rapport à une GT Speed. Le toit carbone contribue aussi à abaisser le centre de gravité. Les jantes forgées de 22 pouces, mises au point avec Manthey Racing, peuvent chausser les Pirelli Trofeo RS, permettant d'atteindre jusqu'à 1,3 g en appui.
Le freinage, le plus imposant monté sur une voiture de série, repose sur des disques CSiC (Carbon-Silicon-Carbide, une technologie carbone-céramique très légère et extrêmement résistante) de 440 mm à l'avant avec étriers dix pistons, et 410 mm à l'arrière avec étriers quatre pistons. L'échappement titane Akrapovič sur toute la longueur transforme la signature sonore du V8, plus expressive et entièrement dépourvue d'amplification artificielle en cabine.
L'habitacle, strictement biplace, fait écho à cette philosophie sans renier le luxe Bentley : sièges sport à maintien renforcé posés plus bas, carbone apparent, mélange de cuir et Dinamica, numérotation individuelle et possibilités de personnalisation très larges, du tri-ton aux inserts aluminium usinés. Cinq "Design Themes" extérieurs complètent les 24 teintes de base, tandis que Mulliner ouvre la porte à presque toutes les fantaisies.
Limitée à 500 exemplaires, la Supersports entrera en production au quatrième trimestre 2026, avec premières livraisons début 2027 dans une sélection de marchés incluant l'Europe, le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Moyen-Orient. Bentley y voit à la fois un retour assumé vers des mécaniques plus extrêmes et une démonstration de ce qu'une Continental GT peut devenir lorsqu'on la libère de toute contrainte de compromis.