Adrian Mardell quitte la direction de Jaguar Land Rover après 35 ans de maison et près de trois à la tête du constructeur britannique. Entré en 1990, il avait succédé à Thierry Bolloré en 2023, alors que JLR ( traversait une période de lourdes pertes et d'endettement post‑pandémie. Il laisse un groupe bien plus solide financièrement, après avoir signé ses meilleurs bénéfices depuis dix ans et s'être approché de l'objectif de marge de 10 % visé pour 2026. Cette remontée spectaculaire s'appuie sur les modèles à forte marge que sont le Range Rover et le Defender, toujours très prisés sur leurs marchés principaux.
Sous sa direction, JLR a aussi adopté la stratégie dite "House of Brands", distinguant clairement Defender, Discovery, Range Rover et Jaguar avec leur propre identité marketing. Mais la décision la plus marquante de son mandat reste la transformation radicale de Jaguar, dont la production est à l'arrêt jusqu'en 2026. Le concept Type 00 a ouvert la voie à un repositionnement 100 % électrique, destiné à concurrencer Bentley et Rolls‑Royce, bien loin de l'ADN sportif et plus accessible qui avait fait la réputation de la marque face à BMW ou Mercedes. Le premier modèle de cette nouvelle ère, un coupé quatre portes surpuissant dans l'esprit de la Porsche Taycan, doit être dévoilé en fin d'année avant un lancement à l'été 2026.
Cette transition ambitieuse s'accompagne de défis majeurs. Les nouveaux droits de douane américains, avec 10 % de taxe sur les 100 000 premières unités exportées puis 25 % au‑delà, pèsent lourdement sur les marges, et les Range Rover EV ou Discovery électriques ont déjà été repoussés. Mardell s'affiche pourtant confiant, assurant à Autocar : "Dans les conditions actuelles du marché, je ne vois vraiment rien qui puisse m'inquiéter quant au succès de la nouvelle Jaguar dans ce nouveau monde."
JLR n'a pas encore désigné son successeur, qui devra mener à bien cette mutation électrique dans un marché du haut de gamme devenu plus incertain.