Pour son retour à Silverstone, la Formule 1 s'apprête à y disputer sa 60e course de championnat du monde, toutes appellations confondues, sur ce tracé historique qui accueillit la toute première manche officielle en 1950. À l'approche de la mi-saison, Pirelli a opéré un changement stratégique dans les choix de gommes, en optant pour une gamme plus tendre que l'an passé : C2 (dur), C3 (medium), C4 (tendre), contre C1-C2-C3 en 2024. Cette évolution vise à élargir la palette stratégique en course, avec un rôle attendu accru pour le C3, désormais positionné comme gomme médiane, là où il servait de tendre l'an dernier et n'avait été brièvement utilisé qu'en fin de course, dans un contexte de piste séchante.
Les enseignements de l'édition 2024 restent précieux. La quasi-totalité des pilotes s'étaient élancés en medium, à l'exception d'Ocon et Zhou en tendres, et de Pérez — parti depuis la voie des stands en durs. Malgré la charge en carburant initiale, le C2 s'était montré performant et endurant, y compris lors de l'apparition de la pluie. La versatilité du medium avait alors permis aux équipes de moduler la fenêtre d'arrêt en fonction des gouttes, bien présentes dès les premiers tours. La transition vers les intermédiaires avait ensuite bouleversé l'ordre établi : Leclerc et Pérez, passés précocement sur ces pneus à bande verte, s'étaient retrouvés contraints à un deuxième arrêt lorsque les conditions se sont véritablement dégradées. À mesure que la piste séchait, les trois types de slicks avaient été à nouveau déployés dans les derniers relais, avec une hiérarchie difficile à établir. Hamilton s'était imposé en tendres, Verstappen affichait la meilleure cadence en durs, tandis que Piastri brillait en medium — preuve que chaque combinaison châssis-pilote-pneu pouvait s'exprimer selon les circonstances.
Côté dégradation, le défi principal à Silverstone réside dans les forces latérales extrêmes générées par les enchaînements à haute vitesse, en particulier le triptyque Maggots-Becketts-Chapel. Bien que l'asphalte soit modérément abrasif et que le grip soit correct dès les EL1 (le circuit étant utilisé presque toute l'année), l'énergie transmise aux pneus sur un tour lancé est proche de celle mesurée à Spa ou Suzuka. Les longs virages à droite sollicitent notamment le flanc gauche, tandis que les freinages appuyés sont peu nombreux, ce qui favorise les stratégies à un arrêt — à condition de bien gérer l'usure thermique. Cela dit, avec un pit stop relativement court (environ 20,5 secondes), les équipes peuvent aussi envisager des courses à deux arrêts sans perdre toute chance au classement, surtout si les dépassements restent possibles malgré le niveau de trainage aérodynamique élevé.
Enfin, comme toujours au Royaume-Uni, la météo demeure un facteur décisif. Même au cœur de l'été, le ciel anglais peut tourner en quelques minutes : température en dents de scie, vents imprévisibles, ondées localisées… autant d'éléments susceptibles de bouleverser les stratégies en place. Silverstone récompense l'adaptation et la réactivité. En 2025, les choix de Pirelli laissent entrevoir un éventail plus large de scénarios — reste à savoir si la pluie, comme souvent ici, viendra rebattre les cartes une fois de plus.
Grande-Bretagne 2025