Carlos Sainz a dressé un bilan mi-saison sans fard à Spa-Francorchamps. Transfuge de Ferrari chez Williams, l'Espagnol souligne un engagement fort, une adaptation rapide, mais aussi une accumulation de frustrations, entre malchance et manque de réussite.
"Je dirais qu'il y a eu des hauts et des bas. Extrêmement frustrant parce que j'ai senti beaucoup de rythme dans la voiture. Je me suis adapté rapidement à l'équipe. Dès le départ, j'ai eu une bonne vitesse, mais il a été très difficile d'enchaîner deux bons résultats sur toute la première moitié de saison. Quand ce n'était pas un problème de fiabilité, c'était un incident avec un autre pilote. Et quand ce n'était pas un incident, je ne prenais même pas le départ de la course en Autriche. Puis il y a eu le trafic en Q1, ou certaines erreurs stratégiques qu'on a faites dans l'année. Donc rien ne s'est vraiment mis en place côté résultats. Mais au milieu de tous ces aléas, il y a de la vitesse. Il y a des preuves qu'on va dans la bonne direction. C'est juste que, quand on n'a pas les résultats pour le montrer, c'est là que ça devient frustrant."
Le retour au milieu de grille, après plusieurs saisons dans des écuries de pointe, demande selon lui un changement complet d'approche, tant en qualifications qu'en stratégie.
"C'est sûr que revenir à la lutte dans le milieu de grille comporte ses défis. Je crois que je suis sorti en Q1 deux ou trois fois pour dix millièmes, et tu sais exactement où ces dix millièmes se trouvent. Et ça change tout ton week-end, parce que tu n'as pas une voiture qui te permet de remonter dans le peloton, comme quand tu as une voiture très compétitive ou une top 3 ou top 4. Si tu es éliminé en Q1 ou Q2, tu peux encore faire la différence en course et remonter. Dans le milieu de grille, tout le monde a le même rythme que toi, et c'est extrêmement difficile de revenir, sauf si tu fais quelque chose de fou."
Sainz ne cache pas les choix faits par Williams, assumant pleinement l'arrêt du développement de la voiture 2025 au profit d'un effort total sur 2026.
"Il n'y a pas de secret en Formule 1. Si l'équipe fait un choix aussi fort de ne pas apporter beaucoup d'évolutions au cours d'une saison, il faut s'attendre à ce qu'à un moment donné, on commence à reculer — parce que c'est exactement comme ça que la Formule 1 fonctionne. Même les équipes du milieu de grille ne dorment jamais. Tout le monde apporte, toutes les trois ou quatre courses, un petit package, une petite amélioration. Chez Williams, oui, on a apporté quelques éléments au début de l'année avec les nouvelles réglementations sur les ailerons avant. Mais en réalité, depuis, on n'a rien amené. Donc pas de secret — on s'y attendait. On pense toujours que c'est le bon choix, et on fait toujours confiance au processus. On pense toujours que ça paiera l'année prochaine."
Le Madrilène confirme que l'équipe est déjà pleinement tournée vers 2026, tant en simulateur que dans les réunions techniques. "En débriefing, on parle presque plus de l'an prochain que de cette année — même si on court encore cette saison."
Concernant les voitures 2026, Sainz, déjà impliqué dans leur développement, met en avant la complexité croissante de la gestion technique en piste.
"Très compliqué. Ça occupe beaucoup d'espace mental quand on roule. Mais je pense que si vous demandez… je crois que Lewis a vécu le grand changement réglementaire entre 2013 et 2014 — passer d'un V8 classique à un V6 complexe avec gestion de la batterie et tout ça. C'était forcément un choc à l'époque — à quel point le pilote devait penser à des choses qu'on ne considérait même pas avec le V8. Mais ensuite, on s'y est tous habitués, on s'est adaptés, et maintenant ça paraît normal. Je pense qu'avec l'an prochain, ce sera un peu pareil. Au début, on va tous se dire : c'est quoi ce bazar ? Pourquoi on doit faire tout ça ? Pourquoi la voiture change de comportement à chaque tour ? Mais quand on commencera à courir avec, et avec le temps, tout deviendra plus naturel — quelque chose auquel on est plus habitués — et ça deviendra la nouvelle norme. La grande question, c'est de savoir si cette nouvelle norme sera meilleure que l'ancienne. C'est la question à un million que tout le monde veut commenter ou juger. Mais en tant que pilotes, on s'adaptera à ce qu'on nous donne. On ira juste le plus vite possible. S'il faut faire six ou sept changements de réglages par tour, on les fera. Et on deviendra bons à ça, comme toujours."
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