Lewis Hamilton a retrouvé Spa avec lucidité et fermeté, bien décidé à peser dans la transformation de Ferrari. À l'approche de la trêve estivale, il a rappelé son implication totale dans le développement et l'organisation interne de l'équipe, quitte à déranger.
"Je vois un potentiel énorme dans cette équipe. La passion — rien ne s'en approche. Mais c'est une énorme organisation, avec beaucoup d'éléments en mouvement. Et ils ne tournent pas tous à plein régime comme ils le devraient. C'est, au final, pour cela que l'équipe n'a pas connu le succès qu'elle mérite selon moi."
Pour tenter d'y remédier, Hamilton a déjà envoyé plusieurs rapports détaillés à la Scuderia, et multiplie les réunions techniques avec les responsables de chaque département.
"Donc je pense que c'est mon rôle de remettre en question absolument chaque domaine, de challenger tout le monde dans l'équipe — en particulier ceux qui sont en haut et qui prennent les décisions. Si on regarde cette équipe sur les 20 dernières années, elle a eu des pilotes incroyables : Kimi, Fernando, Sebastian — tous champions du monde. Et pourtant, ils n'ont pas remporté le championnat avec Ferrari. Et moi, je refuse que ce soit aussi le cas avec moi. Donc je vais plus loin."
Entre deux courses, Hamilton a passé plusieurs journées à Maranello pour rencontrer les départements châssis, moteur, marketing et développement. Il détaille une méthode structurée.
"J'ai rencontré le responsable du développement de la voiture, Loïc [Serra], et aussi les chefs de différents départements — on a parlé du moteur pour l'an prochain, des suspensions avant et arrière, des choses que je veux, des problèmes que j'ai avec cette voiture. J'ai envoyé des documents. Donc, pendant l'année, après les premières courses, j'ai rédigé un document complet pour l'équipe. Puis pendant cette pause, j'en ai envoyé deux autres, et je suis venu pour en discuter."
Côté technique, Hamilton reste prudent quant aux nouvelles pièces amenées à Spa, notamment une suspension revue, difficile à exploiter dans le cadre d'un week-end Sprint.
"On testera la suspension demain, et je suis sûr qu'on en tirera des enseignements. On va voir comment l'ajuster et essayer d'en extraire de la performance. Sur le simulateur, il n'y a pas de différence. Mais je pense que sur certains circuits, il y aura peut-être des bénéfices."
"On n'a pas beaucoup de temps [cf. week-end Sprint], donc il faut doubler les efforts. Il faut s'assurer de récolter un maximum d'informations sur les deux voitures. [...] Il est très peu probable qu'on l'optimise pleinement ce week-end."
Interrogé sur les 2026, Hamilton se montre ouvert et enthousiaste, soulignant le défi collectif que représente une nouvelle réglementation.
"Ce que j'aime, c'est que pendant qu'on se bat cette saison dans ce championnat, on doit aussi développer la voiture actuelle — et en parallèle celle de l'an prochain. Et ça, pour moi, c'est fascinant. Si on avait toujours la même voiture avec seulement de petites évolutions, ce ne serait pas du tout aussi amusant."
Hamilton n'a pas éludé non plus les questions sur le départ de Christian Horner, mais sans excès d'émotion. "Je n'étais pas vraiment… quand je ne suis pas en week-end de course, je ne fais pas vraiment attention à ce qui se passe en Formule 1, à part ce qui concerne notre équipe. Donc je n'ai été ni surpris ni pas surpris."
"Ce qu'il a fait avec l'équipe est clairement remarquable. Diriger une organisation aussi grande et aussi performante, avec un groupe de personnes aussi talentueuses, ça demande des compétences et du talent. Et c'est ce qu'il a apporté à cette équipe."
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