Pirelli retrouve Bakou avec une sélection pneumatique plus agressive que l'an passé. Pour ce Grand Prix d'Azerbaïdjan, le manufacturier italien propose ses trois composés les plus tendres, avec le C6 en tendre, déjà vu cette saison à Imola, Monaco et Montréal, accompagné du C5 en medium et du C4 en dur. Ce choix, un cran plus souple que celui retenu en 2024, répond aux particularités d'un tracé urbain qui combine faible adhérence et usure limitée. L'année dernière, la grille entière envisageait logiquement un arrêt unique, avant que Lance Stroll et Max Verstappen ne passent une deuxième fois aux stands, le Canadien contraint par une crevaison et le Néerlandais dans la quête du meilleur tour, imité par Pierre Gasly après un long relais de cinquante tours en C3.
Cette fois, l'équilibre pourrait se déplacer vers des stratégies à deux arrêts, puisque la gamme 2025 résiste beaucoup mieux au phénomène de graining. Les équipes ont par ailleurs démontré, à Monza notamment, une gestion affinée des températures, ce qui devrait limiter les écarts de lecture tactique. Il reste que Bakou, malgré son statut de circuit urbain, impose des charges verticales conséquentes dans ses longues lignes droites, où les vitesses de pointe dépassent largement les 350 km/h. L'exemple le plus marquant demeure celui de Valtteri Bottas, crédité de 378 km/h en 2016.
Avec ses 6,003 kilomètres, ses vingt virages – dont plusieurs à angle droit – et une section ultra étroite autour de la vieille ville, la piste combine des phases très lentes (60 km/h) et des passages à plein régime. Ce contraste complique le réglage aérodynamique, entre appui nécessaire dans les enchaînements serrés et recherche d'efficacité en ligne droite. Comme toujours dans un environnement urbain aux marges infimes, chaque erreur peut se solder par une neutralisation, la Safety Car ayant souvent un rôle à jouer.
La gestion thermique constituera un facteur clé ce week-end. Les pneumatiques connaissent à Bakou des cycles de chauffage et de refroidissement extrêmes : dans les portions resserrées de la vieille ville, les températures de surface peuvent grimper à 90 °C, avant de chuter de près de 40 °C sur la pleine charge allant de la sortie du virage 16 jusqu'au premier freinage. Cet écart brutal complique la maîtrise de la monoplace, particulièrement en qualifications, dans les duels en course ou lors des relances derrière la voiture de sécurité. Le microclimat local, influencé par l'ombre des bâtiments et le vent de la Caspienne, accentue encore cette variabilité.
Pirelli s'attend donc à une épreuve ouverte, où la dégradation réduite favorisera une grande constance mais où la volatilité des températures et l'incertitude tactique pourraient créer des écarts décisifs, sur un tracé réputé imprévisible et rarement avare en rebondissements.
Azerbaïdjan 2025