Grand Prix du Mexique 2025 : les analyses de Pirelli avant la course

Pirelli aborde le Grand Prix de Mexico 2025 avec un choix de gommes décalé, reprenant la logique d'Austin une semaine plus tôt : le manufacturier italien saute un niveau entre le dur et le medium, en proposant le C2 comme pneu dur, le C4 pour le medium et le C5 comme composé tendre. Ce choix très conservateur du C2, couplé à deux gommes nettement plus performantes, crée un écart de performance important susceptible d'influencer les stratégies. Le C2 offrira une meilleure endurance mais une motricité limitée, tandis que les C4 et C5, beaucoup plus rapides, exposeront davantage les équipes au risque d'une dégradation accrue et à la nécessité d'un second arrêt.

L'expérience de 2024 reste une référence : presque tous les pilotes avaient alors opté pour une stratégie à un seul arrêt (medium-dur), la dégradation s'étant montrée modérée et le graining contenu. Oscar Piastri avait couvert 39 tours en composé medium, Valtteri Bottas 49 en pneus durs. Seul Sergio Pérez avait tenté une approche différente, sans succès notable. Cette année, l'écart de performance entre le C2 et les composés plus tendres pourrait encourager davantage d'équipes à miser sur le C4 ou même le C5 en relais de course, au prix d'une gestion plus fine de la température et des pneus avant.

L'altitude du circuit Hermanos Rodríguez – plus de 2 200 mètres – reste un facteur déterminant. L'air raréfié réduit la charge aérodynamique, donc l'adhérence, ce qui favorise les glissades et accentue le phénomène de graining. Le tracé, peu utilisé et très lisse, se gomme progressivement au fil du week-end, ce qui améliore les temps au tour mais complique les débuts des séances. Les longs freinages du premier et du dernier secteur, combinés aux longues lignes droites où les pneus refroidissent, rendent les blocages fréquents, surtout en début de relais. Les équipes devront donc surveiller de près la montée en température des pneus et ajuster les pressions pour compenser le déficit d'appui.

La course se disputera sur 71 tours des 4,304 km du tracé mexicain, où les voitures atteignent des vitesses de pointe très élevées sur la ligne droite principale de 1,2 km. Le faible appui aérodynamique réduit le nombre de changements de rapport et impose des réglages mécaniques spécifiques pour préserver la stabilité à l'accélération et au freinage. Dans ce contexte, les équipes capables d'exploiter les gommes tendres sans surchauffe — Red Bull, Ferrari ou McLaren — pourraient tirer avantage du delta de performance, tandis que d'autres, comme Mercedes ou Sauber, pourraient privilégier la constance d'un relais long sur C2.

En parallèle du Grand Prix, Pirelli achèvera au Mexique son programme de développement des pneus 2026, avec deux journées d'essais post-course les 28 et 29 octobre en collaboration avec Sauber et Mercedes. Ces tests, consacrés aux composés les plus tendres, clôturent un cycle de quinze sessions menées depuis début 2024 sur sept circuits, dont Barcelone, Jerez, Monza, Fiorano, Silverstone et Paul Ricard. Les nouvelles gommes, toujours en 18 pouces mais légèrement plus étroites, seront testées par toutes les équipes lors des essais d'Abou Dhabi en décembre, avant validation définitive le 15 du même mois.

Sur le plan historique, le circuit dédié aux frères Rodríguez accueillera sa 25e édition. Max Verstappen y reste le maître incontesté avec cinq victoires, tandis que Ferrari a monopolisé les deux dernières pole positions grâce à Charles Leclerc en 2023 et Carlos Sainz en 2024 — ce dernier y ayant signé sa dernière victoire à ce jour. La gestion du grip et la capacité à contenir le graining détermineront, une fois encore, le rythme de course et la hiérarchie stratégique sur ce tracé aussi unique qu'exigeant.
 Mexique 2025