Quelques mois seulement après avoir levé le voile sur l'A6 e-tron, Audi fait ce que personne n'osait imaginer il y a encore un an : présenter une A6 thermique flambant neuve. Oui, une vraie A6 avec un moteur diesel, un break bien carré, et des roues qui s'animent sans électrons. Bienvenue à l'A6 Avant C9, version MHEV (mild hybrid), qui signe le grand retour des breaks premium mazoutés. Une décision logique ? Pas vraiment. Mais un revirement passionnant qui montre à quel point l'industrie navigue à vue.
Techniquement, cette A6 Avant repose sur la plateforme Premium Platform Combustion (PPC), dédiée aux thermiques. Sous le capot, un seul moteur au lancement : le 2.0 TDI 4 cylindres, 204 chevaux et 400 Nm de couple. Il est épaulé par un système micro-hybride 48V (le fameux MHEV plus), qui ajoute 24 chevaux électriques et 230 Nm pour lisser les relances et réduire la conso. Ce bloc est disponible en traction avant ou en quattro ultra, avec boîte S tronic 7 rapports. Côté chiffres, Audi annonce 0 à 100 km/h en 7,9 s (traction) ou 7,0 s (quattro), pour une Vmax de 241 km/h.
Mais ce n'est pas juste une A6 diesel de plus. Cette génération pousse l'aéro au max, avec un Cx de 0,25, un record pour une Avant thermique. La suspension pneumatique adaptative fait son retour, combinée à la direction intégrale optionnelle, de quoi faire oublier les presque 5 mètres de long dans les lacets alpins ou les parkings souterrains.
Côté look, on retrouve les gimmicks maison : Singleframe large, hanches musclées façon Ur-quattro, feux OLED animés et une signature lumineuse configurable selon l'humeur. À bord, Audi soigne l'ambiance avec une scène digitale complète : Virtual Cockpit de 11,9 pouces, écran central de 14,5 pouces et un écran passager de 10,9 pouces, intégrés dans une planche de bord traversée par ce qu'Audi appelle le Softwrap. Ce revêtement s'étend d'une porte à l'autre, créant une impression de largeur et de cocon. Il mêle tissus haut de gamme, matières synthétiques ou microfibre Dinamica, le tout issu en grande partie de polyester recyclé. Même les panneaux de porte et les accoudoirs adoptent cette approche textile, tandis que les inserts bois proviennent exclusivement d'arbres européens ne portant plus de fruits. Le résultat ? Une ambiance premium sans tomber dans la froideur clinique.
Mais au-delà de l'auto, c'est le contexte qui rend cette A6 C9 fascinante. En 2023, Audi nous vendait une révolution claire et définitive : les chiffres pairs pour les électriques, les impairs pour les thermiques. Exit l'A6 diesel, bonjour l'A7 thermique. Sauf que… la réalité s'est rappelée au bon souvenir des stratèges d'Ingolstadt. Le 3 février 2025, Audi a officiellement enterré cette idée tordue. Retour à la logique historique : une A6, c'est une A6, point. Qu'elle brûle du gasoil ou des électrons, c'est un détail de fiche technique. L'A6 thermique coexistera donc avec l'A6 e-tron, et chacun gardera son badge, comme avant. Une pirouette qui sent bon la panique face aux ventes poussives de l'électrique et à une clientèle pro qui, en Europe, aime toujours son bon vieux TDI pour avaler les kilomètres.
Et après ? La vraie question, c'est la RS6. Si l'A6 thermique existe, difficile d'imaginer qu'Audi abandonne la RS6 thermique sans un au revoir digne de ce nom. Les rumeurs parlent d'un V8 4.0 TFSI micro-hybridé ou hybride simple, partagé avec le Cayenne et la Bentley Continental GT (782 chevaux et 1000 Nm). Les prototypes surpris sur le Nürburgring avec de vraies sorties d'échappement laissent peu de place au doute. En parallèle, une RS6 e-tron 100 % électrique est aussi dans les tuyaux. De quoi satisfaire tout le monde ? Peut-être. Mais surtout de quoi illustrer l'ambiance schizophrène qui règne chez les constructeurs premium allemands, écartelés entre leur passé de performeurs thermiques et la pression réglementaire à électrifier la gamme.
En attendant, cette A6 Avant TDI arrive en concession en mai 2025, avec un ticket d'entrée fixé à 70 550 euros. Un tarif salé pour un 4 cylindres, mais une dernière chance de rouler en A6 diesel flambant neuve, sans passer par le configurateur de la A7 d'occasion. Et pour les intégristes de la RS6, restez connectés : la suite promet d'être mouvementée.