L'IndyCar est secouée par une affaire de triche technique majeure à quelques jours du départ de la 109e édition des 500 Miles d'Indianapolis. Deux des trois voitures du Team Penske, celles de Josef Newgarden (n°2) et Will Power (n°12), ont été reconnues en infraction avec l'article 14.7.8.16 du règlement technique pour avoir utilisé des "attenuators" (structures arrière absorbant l'énergie en cas de choc) modifiés de manière illégale avant la séance décisive de qualification du Fast 12. Les éléments en question avaient été retouchés avec du mastic pour lisser l'écoulement de l'air, une manipulation interdite, les pièces devant être utilisées "telles que fournies" par le manufacturier.
Selon le président de l'IndyCar, Doug Boles, la violation était claire et importante. Initialement, la série avait simplement relégué les deux voitures aux dernières places de la session de dimanche, mais après une nouvelle revue lundi matin, les n°2 et 12 ont été officiellement rétrogradées en 32e et 33e positions sur la grille. Ces sanctions sont assorties d'une amende de 100000 dollars pour chaque voiture, de la suppression des points obtenus lors des qualifications, de la perte de la priorité dans le choix des stands et de la suspension immédiate des stratèges Tim Cindric et Ron Ruzewski pour toute la durée de l'événement. Ces deux figures-clés de l'équipe avaient déjà été suspendues en 2023 pour des irrégularités liées à l'usage du Push-to-Pass.
Le président de l'IndyCar a détaillé la chronologie des faits dans une conférence de presse, citée notamment par Marshall Pruett dans RACER. L'anomalie sur l'auto n°12 a été repérée par le directeur technique Kevin Blanch ("Rocket") lors du contrôle technique. Faute de temps, elle a été provisoirement laissée en piste, mais l'inspection de la voiture n°2 a révélé une modification identique, déclenchant immédiatement une alerte formelle. Les équipes Penske ont ensuite tenté de retirer le mastic en pleine file de qualification, ce qui constitue une seconde infraction puisque seules des modifications mineures sont autorisées à ce stade. Le Team Penske a alors retiré ses deux voitures de la séance, croyant qu'elles partiraient selon les temps réalisés la veille, en 11e et 12e positions.
Tim Cindric, président de l'équipe IndyCar chez Penske, conteste partiellement la version de la série : selon lui, seule la n°2 aurait échoué à l'inspection initiale, mais les deux voitures ont été modifiées dans la file, ce qui a conduit à leur retrait volontaire. Il reconnaît malgré tout que la procédure n'a pas été respectée, qualifiant l'incident d'erreur de jugement.
L'affaire a pris une tournure encore plus embarrassante lorsque IndyStar, par la plume de Nathan Brown, a révélé que la voiture de Josef Newgarden exposée au musée de l'Indianapolis Motor Speedway — celle avec laquelle il a remporté l'Indy 500 en 2023 — présentait visiblement la même modification illégale sur l'attenuator. Il n'est pas encore établi si cette pièce avait déjà été en place lors de la victoire l'an passé, ou si elle a été installée après coup pour des raisons esthétiques.
Enfin, la situation ravive les critiques sur un potentiel conflit d'intérêts, Roger Penske étant à la fois propriétaire de la série IndyCar, du circuit, de son équipe engagée en course, et d'Ilmor, qui conçoit les moteurs Chevrolet. Boles a reconnu l'importance de préserver l'image et l'intégrité de l'Indy 500, précisant que la série "fera tout pour garantir des conditions de course équitables et préserver la crédibilité du championnat".
À noter que la voiture n°3 de Scott McLaughlin, absente de la séance Fast 12 après un accident en essais, a été inspectée puis jugée conforme, lui permettant de conserver sa 10e position sur la grille. Malgré cette crise, l'équipe Penske figure donc bien dans les 33 partants, mais ses deux figures de proue devront remonter tout le peloton pour espérer jouer la victoire.
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