Dans un article très complet signé Rosario Giuliana et Jon Noble pour The Race [à consulter absolument], les performances de McLaren en ce début de saison 2025 sont analysées avec nuance. Si l'équipe de Woking semble avoir pris l'ascendant sur la concurrence, elle n'est pas à l'abri de failles, comme l'ont montré les deux premiers Grands Prix.
En Australie, seule une averse inattendue et la sortie de piste d'Oscar Piastri ont privé McLaren d'un doublé. Mais en Chine, les difficultés du vendredi et un format sprint peu favorable ont empêché l'équipe de briller immédiatement. Ferrari a su en profiter, avant que McLaren ne retrouve ses repères le samedi grâce à des ajustements de réglages. Piastri a décroché la pole, mais l'écart avec la concurrence s'est révélé plus mince qu'à Melbourne.
Durant le Grand Prix, la course fut relativement limpide, mis à part un souci de freins pour Lando Norris. Pourtant, certains observateurs soupçonnent que McLaren n'a pas encore montré l'étendue réelle de son potentiel. Andrea Stella l'a reconnu : "Notre voiture n'est toujours pas facile à piloter avec des pneus neufs", faisant référence aux erreurs de Norris lors des qualifications sprint et principales. Le format sprint a également perturbé la préparation habituelle, forçant l'équipe à improviser des ajustements dans un laps de temps restreint. "Le premier jour en Chine, nous avons rencontré des problèmes de comportement des pneus et d'équilibre de la voiture", a-t-il ajouté. "Nous avons dû faire des changements et demander aux pilotes d'adapter leur approche."
Après la course sprint, l'équipe a peaufiné son set-up, en augmentant la charge aéro sans modifier l'aileron arrière utilisé en Australie. Le beam wing (aileron de poutre) a été légèrement allongé, toujours en configuration monobras, et la gestion des pneus a été améliorée, réduisant les effets de graining observés la veille.
Mais une autre interrogation agite le paddock : McLaren a-t-elle perdu en vitesse de pointe à cause de la nouvelle réglementation anti-flex imposée par la FIA à Shanghai ? En sprint, Norris est resté bloqué en sixième position malgré une voiture rapide, et Piastri n'a pas pu attaquer durablement la Ferrari de tête. L'un des points faibles du MCL39 demeure sa sensibilité à l'air sale, héritée du modèle précédent. Un constat d'autant plus pertinent que les nouvelles restrictions de flexibilité imposées par la FIA ont été renforcées : la déformation autorisée de la fente entre le plan principal et le DRS est passée à 0,75 mm en Chine, puis sera limitée à 0,5 mm dès Suzuka.
Les données de Shanghai confirment une baisse relative de performance en ligne droite : Norris a atteint 332,7 km/h contre 339,6 km/h pour la Red Bull de Verstappen. Si McLaren a dû rigidifier son aileron arrière pour se conformer à la directive technique, cela a pu impacter le niveau de traînée. Interrogé à ce sujet, Neil Houldey, directeur technique (ingénierie) de McLaren, a déclaré : "Heureusement, nous avons été testés à Melbourne, et les valeurs retenues par la FIA dans la directive technique sont supérieures aux déformations que nous avions observées."
Pourtant, selon Nikolas Tombazis, directeur monoplace de la FIA, "quatre ou cinq équipes" n'auraient pas été conformes si ces tests avaient été appliqués en Australie. Et The Race comprend que McLaren faisait partie des formations concernées. "Certains teams étaient déjà conformes avec les nouveaux tests en Australie, mais je pense que quatre ou cinq ne l'étaient pas et ont dû prendre des mesures, et nous les avons tous testés." Il ajoute : "Nous avons constaté une corrélation très claire entre les déformations mesurées par les tests FIA et ce que montraient les caméras embarquées. Les équipes qui affichaient un phénomène prononcé à Melbourne n'auraient pas été conformes en Chine si elles n'avaient pas modifié quelque chose."
Lorsqu'on lui a demandé si McLaren disait vrai en affirmant respecter déjà la tolérance de 0,75 mm à Melbourne, Tombazis a répondu : "Je ne me souviens pas du chiffre exact pour McLaren, et je ne veux pas parler des équipes en particulier, mais je ne suis pas sûr que c'était 0,75 mm."
Pour Stella, la conclusion est claire : "Nous n'avons pas été dominants en Chine, ni en qualifications, ni en course." Shanghai, souvent considéré comme un meilleur indicateur de hiérarchie que Melbourne, n'a pas livré un message aussi tranché que prévu. La réponse, peut-être, viendra à Suzuka.
