La Valkyrie LM n'est pas une voiture de course et ne le sera jamais. Et pourtant, jamais une Aston Martin destinée à des clients privés n'a été aussi proche d'une machine développée pour la victoire au classement général des 24 Heures du Mans. Conçue sur la base de la Valkyrie AMR-LMH engagée en WEC et en IMSA, cette version extrême reprend l'essentiel des composants mécaniques et aérodynamiques du modèle de course, tout en s'affranchissant des contraintes d'homologation FIA. Elle est pensée pour le circuit, uniquement, dans un cadre privé et encadré par la marque.
Sous son capot, on retrouve le V12 6,5 litres atmosphérique développé par Cosworth. Ce moteur fonctionne ici en mode lean-burn (mélange pauvre en carburant, optimisé pour le rendement) et développe 520 kW (soit 697 ch), la puissance maximale autorisée par la réglementation Hypercar. Il est couplé à une boîte séquentielle à sept rapports avec palettes au volant, et transmet sa force aux seules roues arrière. Le châssis repose sur une suspension à double triangulation avec barres de torsion et amortisseurs réglables, comme sur la voiture de course. Le tout est chaussé de pneus Pirelli développés spécialement pour cette version.
Les différences avec la voiture d'usine engagée en championnat sont minimes. Elles concernent principalement l'électronique embarquée (suppression des capteurs de couple et des aides FIA obligatoires en compétition), le calibrage du moteur pour accepter du carburant standard, et l'ergonomie du cockpit, pensée pour des pilotes non professionnels. Le système de gestion du couple est dit "open loop", plus tolérant et progressif que la gestion "closed loop" utilisée en course. Le volant intègre toutes les commandes essentielles, un écran digital et les shift lights, tandis que le siège baquet en carbone est équipé d'un harnais six points FIA et d'un extincteur intégré.
La Valkyrie LM n'est pas vendue comme une voiture de collection ou de démonstration. Elle s'inscrit dans un programme global nommé "Valkyrie LM Performance Club". Chaque exemplaire sera conservé, entretenu et transporté par Aston Martin, dans le cadre de journées piste organisées clé en main. Trois roulages sont déjà prévus : un événement de remise en main au deuxième trimestre 2026, suivi de deux autres journées au second semestre sur des circuits homologués F1. Le programme inclut un accompagnement complet avec simulateur, coaching, analyse vidéo, reconnaissance de piste, ainsi qu'un package pilote complet (casque, combinaison, bottines, sous-vêtements ignifugés moulés). Un dîner privé viendra clôturer la première saison, en décembre, au siège de la marque à Gaydon.
Ce projet s'inscrit dans la continuité du programme Valkyrie, initié en 2016. Après la version de route, puis le Spider, la LM pousse la logique jusqu'au bout : permettre à dix clients privilégiés de vivre une expérience de pilotage identique à celle des pilotes officiels, sans les exigences réglementaires ni la pression de la compétition. Pour Aston Martin, il s'agit de renouer avec l'esprit qui animait le programme DBR1, victorieux en 1959, et de l'ouvrir, cette fois, à ses clients les plus fidèles.