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Lewis Hamilton parle de l'avenir et se confie sur les saisons 2022 et 2023

29/11/2023

Lewis Hamilton parle de l'avenir et se confie sur les saisons 2022 et 2023 - Crédit photo : LAT Images - Mercedes-Benz AG
Crédit photo : LAT Images - Mercedes-Benz AG 

Dans une interview révélatrice, Lewis Hamilton évoque avec franchise les défis rencontrés chez Mercedes en 2022 et 2023, ses stratégies d'adaptation et ses aspirations futures, tout en offrant un aperçu de sa vision personnelle et professionnelle dans la F1.

Dans une interview passionante et complète, avec plusieurs médias dont AMuS, Lewis Hamilton a offert ses sentiments et des insights précieux sur les défis et les développements chez Mercedes pour la saison prochaine de F1.

Tout d'abord, Lewis Hamilton s'est dit plus heureux de sa saison 2023 que de la précédente où il avait essayé trop de choses avec certaines d'entre elles qui ont échoué, une année d'apprentissage. Et ces deux années ont-elles prolongé sa carrière en F1 ? "Je dirais plutôt qu'ils ont raccourci ma vie. Le stress réduit votre espérance de vie. D'un autre côté, je suis reconnaissant pour ce défi et les leçons que nous avons apprises en équipe. Ces années ont renforcé la coopération de toutes les personnes de l'équipe."

Et qu'est-ce qui le motive maintenant ? "Une combinaison de tout. En tant que pilote de course, vous voulez être sur la plus haute marche du podium. Il n'y a pas de meilleure sensation lorsque le drapeau national est affiché derrière vous et que vous voyez votre équipe devant vous. Cela a un pouvoir incroyable. Bien sûr aussi gagner un championnat. Ou faire avancer mon projet Mission 44. Ou amener un Grand Prix en Afrique". Cette course africaine, il la veut et en parle "beaucoup" à Stefano Domenicali : "je n'arrête pas de lui demander où nous en sommes. Il a un grand cœur et une bonne vision. J'essaie de l'aider avec cette affaire."

Le pilote britannique de 38 ans a dû dévoiler ce qu'il lui est passé par la tête lorsqu'il a réalisé que la Mercedes W14 ne serait pas une voiture gagnante, continuant sur la déception vécue en 2022 : "Je me souviens que le phénomène de rebond [marsouinage, bouncing] était toujours présent. Je me souviens aussi que la voiture avait exactement le même comportement que celle de l'année précédente [la W13]. C'était décevant. J'avais vraiment de grands espoirs."

"Vous vous entraînez tout l'hiver et votre esprit est complètement concentré sur la possibilité de gagner à nouveau. Quand vous voyez les gens à l'usine travailler sur la voiture, vous avez le sentiment que tout va dans la bonne direction. Cependant, lors du dernier briefing en février, j'étais un peu plus sceptique que l'année précédente, où vous voyiez la voiture qui était si différente de toutes les autres, et vous pensiez que personne d'autre n'avait cela. Puis vous arrivez au premier test et c'était un désastre."

"C'est pourquoi cette fois, j'étais un peu plus prudent avec mes attentes et me disais : attendons de voir. Et puis la voiture a eu tous ces problèmes. Là, je savais que ce serait encore une longue année."

Quelle a alors été la réaction en interne ? "Comme l'année dernière, il y a eu de longues discussions. Il y a un an, personne ne savait vraiment quel était le problème et certainement pas comment le résoudre. C'est pourquoi je me suis investi plus que d'habitude en 2022. J'ai essayé toutes les configurations. C'est pour cela que c'était si inconstant. Cette saison [2023] a été plus équilibrée. Fort de l'expérience de l'année précédente, je me suis mieux impliqué dans le processus de détection des erreurs. Les réunions étaient beaucoup plus efficaces. J'étais dans un état d'esprit plus positif. En suivant le principe que la saison est longue, mais ne renonçons pas. Essayons d'obtenir le maximum de la voiture, quelle que soit la manière dont nous y parvenons."

Ensuite, Hamilton a approfondi la différence dans sa méthode de travail entre les deux dernières saisons. En 2022, il avait beaucoup joué avec les réglages au point de sacrifier certains résultats. A-t-il remis le couvert cette saison ? "Beaucoup moins. Au final, tout se résume à la caractéristique de conduite. Vous pouvez changer mille choses sur la voiture, mais rien ne change si la plateforme aérodynamique n'est pas correcte. Si la voiture n'est pas dans sa fenêtre optimale, peu importe comment vous la réglez, que ce soit mécaniquement ou aérodynamiquement. Vous ne pouvez pas compenser les déficits en aérodynamique ou en équilibre du véhicule. C'est pourquoi j'ai passé plus de temps à l'usine cette année, parlant davantage avec les ingénieurs de tous les départements et essayant de les maintenir dans un état d'esprit positif. Dans une telle situation, personne ne se sent bien. Cela peut être démoralisant. J'ai essayé de poser de nombreuses questions, d'aborder les points où nous sommes faibles, afin de stimuler de nouvelles idées. Mais au final, je les ai laissés faire leur travail. Au début de l'année, nous n'avions pas de boussole. Nous ne savions pas exactement quoi faire. C'était une sorte de zigzag. De temps en temps, quelque chose fonctionne et tu te dis : C'est ça. Mais cela changeait encore la direction."

Subsidiairement, quand on lui a demandé si les retours du pilote étaient toujours d'actualité dans un ère très informatisée de la F1 : "Le sentiment pour la voiture est le même qu'avant. Peu importe le retour, la caractéristique de la voiture a peu changé. Les ingénieurs te demandent toujours comment tu évalues la prochaine course. Tu espères que ça ira bien, mais presque à chaque fois tu es déçu. C'est pourquoi j'ai réduit mes attentes au fil de l'année."

Quand on lui a demandé si les ingénieurs avaient maintenant compris les problèmes, le septuple champion du monde a répondu : "Oui, je pense que nous avons maintenant une boussole. Et c'est quelque chose qui nous a manqué ces deux dernières années. Mais ce n'est pas un chemin direct vers le but. Il y a encore des blocages au bout de la route que vous ne pouvez pas changer, par exemple à cause du plafond budgétaire. Battre Red Bull est une tâche difficile. Lorsqu'ils ont eu des problèmes de rebondissement lors des essais l'année dernière, ils les ont résolus en une semaine. Personne d'autre n'a réussi à faire ça. Ainsi, ils ont pu construire un mur, pierre par pierre, étape de développement par étape. Même si une mise à niveau ne fonctionnait pas bien, ils pouvaient continuer à construire ce mur. Nous, en revanche, devions démolir le mur et recommencer depuis le début. Sur le papier, l'année dernière, nous avions des tonnes d'appui. Mais nous avons dû renoncer à beaucoup pour rendre la voiture pilotable. Quand nous avons voulu ajouter progressivement, cela empirait à nouveau. Ainsi, pendant longtemps, nous ne nous sommes pas améliorés. Pendant ce temps, Red Bull s'est encore plus éloigné. Nous évoluons sur des trajectoires complètement différentes. Mais je pense que nous comprenons maintenant beaucoup mieux la voiture, car nous avons développé en arrière-plan d'excellents outils pour la comprendre. J'ai de l'espoir, mais je retiens quand même mon souffle."

Le problème est d'ailleurs lié aux pneumatiques et à leur exploitation, comme l'avoue Hamilton : "Nous avons du mal à tirer le meilleur parti des pneus. C'est pour ça que parfois je suis loin du champ de tir, parfois c'est George. Et cela est dû à certaines particularités de cette voiture. Nous devons mieux travailler en équipe et tirer le meilleur parti de la voiture de manière plus cohérente, comme d'autres le peuvent."

Ainsi, avait-il des espoirs pour cette saison ou attendait-il patiemment 2024 ? "Nous savions que nous devions aborder des aspects fondamentaux pour renverser la situation. Mais il y a eu quelques pas positifs cette année. L'amélioration à Monte-Carlo, le fond plat à Austin. Il y a eu quelques moments de soulagement où tu sens que tu vas dans la bonne direction. Cela te garde éveillé pendant deux mois."

Il lui a alors été demandé si un reset pourrait permettre à Mercedes de se remettre à niveau, par rapport à la référence qu'est Red Bull : "Le temps et les ressources limitées ne permettent pas de tout jeter et de repartir de zéro. Vous ne pouvez pas non plus copier Red Bull et utiliser cela comme base. Aston Martin a essayé et a constaté que la copie n'est pas l'original. Vous devez assembler les bons éléments et, par des essais, déterminer quels autres éléments vous pouvez ajouter. Nos ingénieurs sont naturellement nerveux à l'idée de faire un pas trop grand dans la mauvaise direction. Nous nous sommes fixés des objectifs plus élevés que jamais, car le retard est si important. Vous ne pouvez les atteindre que si vous réussissez à ajouter un peu chaque semaine."

Notons cependant que Toto Wolff expliquait que la W15 serait une nouvelle voiture ne gardant que très peu de pièces de la W14, ce qui n'est pas sans risque : "Nous changeons le concept. Nous nous éloignons complètement de la façon dont nous avons disposé le châssis, la répartition du poids, le flux d'air. Je veux dire, littéralement, presque tous les composants sont modifiés parce que ce n'est qu'en faisant cela que je pense que nous avons une chance. Nous pourrions également nous tromper. Donc, entre ne pas obtenir ce que l'on attend, rattraper son retard, faire un grand pas et être devant, tout est possible."

Pour en revenir à Lewis Hamilton, on lui a demandé s'il relevait quelque chose de frappant en suivant une Red Bull : "Cette voiture peut tout faire. Elle me rappelle, par ses caractéristiques, ma voiture de 2020. Super stable. Elle fonctionne à plein régime. Elle est toujours dans cette fenêtre magique. Pour un pilote, c'est un rêve, car vous pouvez alors déployer toutes vos capacités."

Puis ont été abordées les bonnes performances à Austin ou Las Vegas, ceci était-il dû au circuit ou aux circonstances ? Le numéro 44 a une autre vision des choses : "À Austin, nous étions les plus proches de Red Bull. La pole position à Budapest était également satisfaisante. Malheureusement, nous n'avons pas pu en tirer parti. Mais ce sont ces moments qui vous font vivre. Je crois quand même que Red Bull avait encore un ou deux dixièmes en main par rapport à nous. Si vous regardez les données de Max, vous verrez qu'il se détend la plupart du temps en tête. Je ne pense pas qu'il ait eu à transpirer cette année. Il a pu contrôler la course. Quand vous avez une telle voiture, vous pouvez réduire la vitesse et être quand même plus rapide, car vos pneus durent plus longtemps et restent exactement dans la fenêtre où ils fonctionnent le mieux."

Cette morosité sur la piste s'est-elle traduite en un sentiment de défaite à se demander s'il pourrait tenir deux ans ainsi ? "Pas pendant mes négociations contractuelles", a répondu Lewis Hamilton. "Je suis convaincu que nous atteindrons nos objectifs. Cette équipe a montré qu'elle en était capable. Je vois à quel point tout le monde est concentré. Nous avons aussi beaucoup de nouvelles personnes. J'espère que nos discussions à l'usine mèneront aux bonnes décisions."

Et que pense-t-il de l'absence de victoires ces deux dernières saisons ? "Je pense que c'est un malentendu. Quand j'étais enfant, j'ai eu de nombreuses mauvaises années. La McLaren 2009 était terrible. Même si nous avons gagné après une deuxième mise à niveau. Les années 2010 et 2011 n'ont pas non plus été des années formidables. Une fois, le problème venait de moi, l'autre fois, de la voiture. Les deux dernières saisons ont peut-être été la plus grande sécheresse en termes de résultats, mais si l'on exclut les victoires des trois années McLaren mentionnées, alors ce furent des expériences similaires. Je pense que j'en ai appris comment rester mentalement stable dans de telles situations. Et j'ai également acquis quelques nouveaux outils dans mon arsenal pour penser positivement. J'ai presque 39 ans et je me sens bien dans mon corps. J'ai une meilleure gestion du temps en dehors des courses et je suis mieux placé pour conserver mon énergie et ma concentration. Bien sûr, dans les années difficiles, on se pose toujours des questions comme : est-ce moi ou juste la voiture ? Êtes-vous toujours le même ou quelque chose a-t-il été perdu ?"

Sa fameuse déclaration sur le doute qu'il avait de courir à 40 ans a été remise sur le tapis et comme l'échéance approche, il lui a été demandé sa vision actuelle des choses : "Il ne faut jamais dire jamais. À l'époque, je ne pouvais vraiment pas imaginer conduire aussi longtemps. Les saisons sont de plus en plus longues. Vous êtes loin des gens que vous connaissez depuis longtemps. Je fais ça depuis 16 ans maintenant. C'est épuisant. La Formule 1 est synonyme de beaucoup de glamour et d'expériences merveilleuses, mais ce n'est pas facile d'y être à toute vitesse, de continuer à s'entraîner, d'être constamment à la hauteur. Il y a une immense pression pour toujours vivre sous les projecteurs. Je ne peux jamais gagner, seulement perdre. Si je gagne une course, c'est normal. On dit alors : Il a déjà été sept fois champion du monde et a remporté 103 Grands Prix. Il y a certainement eu des moments dans ma vie où je me suis demandé si j'avais encore envie d'aller jusqu'au bout. Mais maintenant, je me motive avec de petites victoires. Par exemple, la deuxième place au championnat des constructeurs. Ou faire avancer la voiture avec l'équipe. Parce que cela signifie tellement pour les membres de l'équipe."

La retraite, y pense-t-il ? "Je ne peux pas le dire, je n'en ai vraiment aucune idée. Cela peut être brusque et je pars soudainement. Ou je me glisse dans un rôle différent. Mais pour le moment, j'aime encore trop courir. Et si c'est juste le moment où le moteur démarre avec tous les gens autour, et ensuite quand vous descendez la voie des stands, j'ai toujours le sourire aux lèvres, comme le premier jour où j'ai piloté une voiture de course. Quand cela ne m'arrivera plus, je sais qu'il sera temps d'arrêter. J'espère que cela n'arrivera jamais. Mais il viendra peut-être aussi un jour où j'aurai envie de consacrer mon énergie à autre chose."

Après cette parenthèse personnelle, retour à l'équipe Mercedes. Quelle pression pèse sur l'écurie pour 2024 ? Lewis Hamilton a répondu sans détour : "Une pression immense. Sur nous tous". Puis il a détaillé : "Pour Toto, cela doit être particulièrement difficile. Il doit trouver un bon équilibre entre mettre au défi les gens et les soutenir en même temps. Si vous en faites trop, cela peut briser les employés. Comment les motiver de manière constructive pour qu'ils se sentent inspirés ? En ce qui me concerne, j'espère pouvoir inspirer les gens de l'équipe avec mes résultats et mes courses, afin qu'ils se disent : 'Nous pouvons encore y arriver, nous y sommes presque, et si nous travaillons un peu plus dur, nous pouvons lui donner une voiture qui nous mènera à la victoire'."

Et cet élan nouveau est accompagné du retour de James Allison en tant que directeur technique. Quelle importance représente ceci pour Hamilton ? "Tout d'abord, je tiens à souligner que je ne suis pas responsable du départ de Mike Elliott. Je connais Mike depuis mon époque chez McLaren. J'avais un immense respect pour lui car il est très intelligent et j'ai beaucoup appris de lui. Mais nous sommes tous membres d'une équipe où les pièces du puzzle doivent s'assembler. Il ne s'agit jamais d'une seule personne. James a des qualités de leader. Probablement plus que tout autre ingénieur que j'ai rencontré jusqu'à présent. Il est en première ligne avec son épée et dit à tout le monde comment nous devons traverser le feu. Il a injecté beaucoup de confiance en soi dans l'équipe. Il est incroyablement éloquent. Chaque semaine, il fait un discours à l'équipe, expliquant où nous en sommes et où nous voulons aller. Cela unit les gens. Je suis heureux qu'il soit de retour."

Références AMuS Autosport