Pour Las Vegas, Esteban Ocon revient à l'un de ses terrains de jeu favoris : l'univers Marvel. Son casque mêle cette fois Spider-Man et Venom, un face-à-face immédiatement reconnaissable et qui s'inscrit dans une véritable continuité personnelle.
Ocon ne se contente pas de ponctuer sa saison d'un design clinquant ; il développe, année après année, une galerie de héros qui raconte quelque chose de lui. Il y a trois ans, il avait choisi Spider-Man pour le Grand Prix des États-Unis à Austin. En 2024, il avait célébré Las Vegas avec un casque Captain America, avant d'adopter le ton plus irrévérencieux de Deadpool en Belgique la même année, en lien avec le partenariat de l'équipe Alpine autour du film Deadpool & Wolverine. L'étape suivante, presque logique, consiste à réunir sur un même support l'innocence vive de Peter Parker et la noirceur ambiguë de son célèbre symbiote.
Le résultat joue sur cette opposition fondatrice. La moitié Spider-Man reprend le rouge quadrillé et les yeux élargis, symbole d'ingéniosité et de responsabilités assumées trop tôt. La partie Venom, elle, plonge dans le noir brillant strié de blanc et de textures organiques, incarnation d'un anti-héros tiraillé entre puissance brute et pulsions incontrôlées. Dans la mythologie Marvel, leur relation oscille entre confrontation, dépendance et complémentarité, une dynamique qui offre un contraste visuel puissant et une profondeur narrative rare pour un casque de F1.
Spider-Man, créé en 1962, incarne le héros du quotidien projeté malgré lui dans un univers de responsabilités démesurées. Peter Parker reste l'une des figures les plus attachantes de Marvel parce qu'il combine des pouvoirs spectaculaires avec des préoccupations très humaines : l'école, la famille, le travail, les erreurs, les doutes. Son costume rouge quadrillé, ses grands yeux blancs et son agilité unique ont façonné une identité immédiatement reconnaissable. Mais c'est surtout sa philosophie — "faire ce qui est juste, même quand c'est difficile" — qui a fait de lui un symbole durable, au-delà des comics.
Venom, apparu au milieu des années 1980, est né de la fusion entre un symbiote extraterrestre et un hôte humain, permettant toutes les nuances entre monstre et allié. Longtemps présenté comme l'un des ennemis les plus redoutables de Spider-Man, il évolue pour devenir une figure d'anti-héros : violent, instable, mais capable d'un sens aigu de la protection et de la loyauté. Son apparence — masses noires mouvantes, mâchoire démesurée, contrastes de blanc vif — traduit cette dimension brute et imprévisible. Il incarne l'autre versant du mythe : celui où le pouvoir n'est plus guidé par la sagesse, mais par l'instinct.
En choisissant cette dualité, Ocon enchâsse son week-end de Las Vegas dans un fil rouge cohérent : celui d'un pilote qui aime transformer ses designs spéciaux en fragments d'une histoire plutôt qu'en simples clins d'œil décoratifs. Un objet pensé, référencé, immédiatement lisible pour quiconque connaît l'opposition iconique entre l'homme-araignée et son symbiote.